Pourquoi est-ce qu’on lutte ?

Le problème sans solution des déchets nucléaires

On a jamais su quoi faire de ces fichus déchets nucléaires. On s’est lancé dans l’industrie nucléaire quand même, en se disant qu’avec la technologie qui avançait à grands pas, on finirait bien par trouver une solution. Mais bon, on a commencé à produire des déchets et on savait toujours pas quoi en faire. Alors on s’est dit, loin des yeux loin du coeur, envoyons les dans les fonds marins où aucun être humain ne croisera leurs routes. Pas de bol, les containers ont bougé, il y a eu des fuites, des animaux et des personnes contaminées, et bientôt, on ne pouvait plus envoyer les déchets dans les fonds marins. Mais on continuait à produire des déchets nucléaires, il fallait bien en faire quelque chose. Alors on s’est dit, loin des yeux loin du coeur, enterrons-les aussi profond que l’on pourra. Mais quand on allait voir les gens pour leur proposer de creuser dans leur jardin, dans leur commune, dans leur région, ils nous accueillaient avec des fourches. Alors on a mis plein de moyens pour essayer de trouver une solution. Mais plutôt que mettre des moyens dans la recherche, on a préféré mettre des moyens pour que les gens finissent par accepter de recevoir les déchets dans leur région, dans leur commune, dans leur jardin. Et là, on a été très inventif, en 1991 le père Bataille nous a pondu une loi, qui parlait de réversibilité, de recherche scientifique, et de sous distribués allègrement. Ca tombait bien, des sous, on en avait. Le reste faisait bien sur le papier. Avec toutes ces belles promesses, on a même des départements qui nous ont dit « venez! ». Et c’est entre la Meuse et la Haute-Marne que tout a commencé.

L’ANDRA ou la mafia du nucléaire

Bonjour, moi c’est l’Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs, ANDRA pour les intimes.
Ma taille : 650 employé.e.s. Petite, mais costaude.
Mon taff ? Tout est dit dans le titre, en clair, je dois loger ces … déchets.
Avec mes années d’expériences et le soutien de l’Etat (ba oui c’est mon papa), j’ai plein de petites techniques pour placer mes déchets ni vu ni connu. Allez, je vous fais un tuto :
1) Tu choisis un coin paumé, moins y’a de gens, plus y’a de chocolat, mais surtout moins y’a de résistance.
2) Tu crées un pied-à-terre, moi j’ai appelé ça : maison de l’ANDRA, ça m’est venu tout seul.
3) Pour te faire des amis dans l’entourage, tu distribues des sous aux associations locales, aux communes, et même aux particuliers tant que t’y es. Mais pas directement, les gens te regarderaient de travers, moi j’ai fait appel à un ami, le GIP (Groupement d’Intérêt Public).
4) Pour te faire bien voir, et histoire qu’on oublie un peu pourquoi tu es là, tu lances un projet de recherche et tu construis un labo.
5) Et puis parce que s’occuper des enfants, c’est toujours bien vu, tu fais des programmes dans les écoles.
6) Et petit à petit, tu agrandis ton jardin en rachetant de plus en plus de terres, notamment grâce à mon ami la SAFER.
7) Ce n’est que quand tu sens ton contrôle sur le territoire bien assis, que tu annonces que tu vas te mettre à creuser des galeries sous les villages, les champs et les forêts pour y stocker les déchets.
8) Bon et si jamais ça gueule trop fort, t’appelle papa pour qu’il envoie son personnel armé.

Les risques de CIGEO

Les déchets nucléaires de Haute et Moyenne Activité à Vie Longue (HA MA-VL) qui sont concernés par le projet CIGEO ont une durée de vie toxique de plusieurs milliers à plusieurs millions d’années.
Dans la longue liste des choses qui pourraient mal se passer quand on commence à concevoir des projets aussi absurdes que CIGEO nous avons sélectionné pour vous :

  • Le transport : on aurait tendance à l’oublier, mais pour enfouir les déchets à Bure, il va d’abord falloir les trimballer. Avec une petite dose d’accidents enrobés d’une bonne dose de rejets dans l’environnement sur les trajets bien fréquentés des déchets, à manger tout frais !
  • Plus oublié mais tout autant nocif, nous vous proposons l’éboulement de terrain. Entraînant ou non une dégradation des matériaux des colis radioactifs. Déjà deux morts dans les galeries expérimentales du laboratoire suite à des mouvements de terrain.
  • Au choix ensuite, vous aurez l’incendie incontrôlable ou l’explosion. En effet, les colis dégagent de l’hydrogène qu’il faudra donc ventiler si on n’est pas trop fan d’explosion nucléaire. Mais ventiler des déchets nucléaires c’est attiser l’incendie. Eh oui nos petits colis sont tout chauds tout chauds, de bonnes grosses braises. Quand c’est radioactif c’est chaud, et plus c’est radioactif, plus c’est chaud (c’est cette même chaleur qui fait tourner les turbines de nos belles centrales).
  • Et pour le dessert, il nous restera toujours l’oubli. Tant qu’on a pas trouvé un moyen de voyager dans le futur pour prévenir qu’on a caché un cadeau empoisonné sous terre au niveau d’un site d’intérêt géothermique, on est sûr de n’avoir aucun moyen fiable de leur faire passer le message, pour les siècles des siècles, amen.